Bruissement de feuilles, agitations souterraines, chuchotis... Dans les rayonnages d’une bibliothèque fermée sur ses secrets, un grand livre s’ouvre, exempt de toute écriture.
A s’élance dans cette étendue enneigée, premiers pas d’une histoire qui commence sur l’immensité d’une page blanche...
Surgissant de papiers épars, tous les représentants d’un alphabet réinventé, investissent cet espace vierge pour y inscrire leurs doutes, leurs espoirs et leurs désirs. Le papier est déchiré, maculé ou mangé, il se déploie et se transforme au contact de chaque lettre, devient refuge, lieu d’exposition, paysage, mégapole, terrain vague...
De A, emmitouflée dans un grand manteau rouge à Z, qui s’envole vers d’autres histoires, les lettres se succèdent, défiant l’ordre alphabétique et révélant leur véritable nature. Il y a D, le tout petit, J, à l’égo hypertrophié et F le fragile qui, d’un souffle, construit sa maison. Il y a aussi L, l’enfant moqueur, sans oublier G le glouton, P la dédaigneuse, S la sinueuse ou K le conquérant. Peu à peu, les lettres écrivent leur propre histoire, une épopée étrangement humaine qui révèle notre quotidien fait de chamailleries, d’amour, de cohabitations, de destruction, d’entraide, de rapport de pouvoir ou de complicité… Des liens se font et se défont dans cette petite tribu à 26 qui cherche à s’articuler, et où chacun tente de trouver sa place.